

"J'ai passé il y a longtemps, mes vacances de sports d'hiver chez des amis, à Verbier. Je suis tombé amoureux de la station et voulais absolument y retourner". Martin Engstroem est revenu – avec en 1994 le premier Verbier Festival, rapidement devenu un événement musical incontournable en Europe. Une performance pionnière à 1490 mètres d'altitude!
Martin Engstroem ne passe pas inaperçu. Grand, le regard vif, il en impose d'emblée. Comme souvent, il arrive en train des bords du lac Léman, où il vit. Nous partons ensemble pour l'aéroport de Sion. "C'est un lieu important pour moi. La porte du Valais sur le monde. Je viens souvent chercher des artistes ici". Tous les ans, Martin Engstroem fait venir monstres sacrés et nouveaux talents de la musique classique à Verbier. Cet été, ce sont entre autres Evgeny Kissin, Ann-Sophie von Otter et Youssou N’Dour.
Le Verbier Festival n’a rien d’une grand-messe élitiste. L'événement permet en effet à un large public d'accéder aux plaisirs de concerts de haut niveau. "Nous allons parfois à la Migros ou la Coop et offrons des billets de concert au personnel." Beaucoup de gens sont encore réticents à l’idée d’assister à un concert classique. Il n'y a pourtant pas de raison, insiste Martin Engstroem: "Le cadre intimiste de ce festival au milieu des montagnes, à 1490 mètres d’altitude, enthousiasme tout un chacun."
Martin Engstroem a le flair pour repérer les nouveaux talents. Pour Deutsche Grammophon, il a par exemple découvert Anna Netrebko, Lang Lang ou encore Hilary Hahn qui ont ensuite enchaîné avec une belle carrière internationale. "Ces expériences et ces amitiés sont le capital du Verbier Festival". Ce sont aussi autant de défis à relever. "Notre niveau d'exigence est très élevé. Nous faisons tout pour surprendre le public année après année." C'est ça, son fameux "courant d'art frais". Verbier Festival ne connaît pas la routine et propose à chaque édition une nouvelle aventure musicale.
"Nous tenons beaucoup à réunir musiciens de renom et jeunes talents" insiste Martin Engstroem, lui qui aime offrir une scène aux stars de demain. Martin Engstroem a lui-même débuté très jeune. Adolescent, il organise déjà des concerts avec de jeunes musiciens au Musée National de Stockholm et attire de grands artistes comme Dietrich Fischer-Dieskau en Suède. C’est là que sa carrière a pris son envol. Il a suivi et conseillé les plus imposants musiciens du monde – d'Herbert Karajan à Anne-Sophie Mutter.
Comment le festival a-t-il trouvé sa place à Verbier? "Il a fallu convaincre au début, mais avec les années, nous nous sommes bien établis". Le festival dure 17 jours et attire également les visiteurs. "Les hôteliers sont contents de faire le plein au mois de juillet. Mais ce n'est pas tout." Le festival attire aussi la presse internationale – du New York Times à Euronews. De sacrées relations publiques pour la station ! "Les retransmissions de nos concerts via notre partenaire streaming medici.tv attirent des millions de spectateurs dans le monde entier. Un potentiel énorme pour optimiser la promotion de la région".
Les liens entre le festival avec Verbier et le Valais sont cruciaux pour Martin Engstroem. Sans le soutien de la commune et de ses habitants, rien ne serait possible. Et le site de Verbier joue un rôle crucial: "La magie du lieu et du paysage agit sur les musiciens – cela s'entend et se ressent immédiatement". Un avion décolle et Martin Engstroem se protège les oreilles ; une précaution fort utile, son oreille musicale étant plus que précieuse pour le Valais. Gageons que son histoire d'amour avec Verbier résonnera encore longtemps en harmonie avec la montagne.
Publié: Printemps 2014