A l’assaut du Barrhorn
La plus haute randonnée des Alpes à 3610 mètres !
L’ascension du Barrhorn est astreignante, mais elle est récompensée par une vue fantastique. Pascal Bourquin, un randonneur expérimenté, a gravi ce sommet.
Pascal Bourquin rit. «C’est vrai que je suis un peu fou, au moins deux jours par semaine», déclare le journaliste de télévision de 52 ans établi à Moutier. En effet, il se met en route tous les week-ends. Son amie et sa fille doivent se passer de lui, depuis 2013. Cette année-là, l’ancien marathonien a lancé son ambitieux projet, qu’il a baptisé La vie en jaune – aussi jaune que les panneaux indicateurs dans les Alpes. Jusqu’en 2041, en vingt-huit ans, il a l’intention de parcourir la totalité des sentiers de randonnée suisses, soit 65’000 kilomètres. Pascal Bourquin a déjà marché sur plus de 12’000 kilomètres, près de 20% de la distance totale. Cinquante kilomètres chaque week-end et 4’000 des 8’000 kilomètres qui figurent au programme dans les Alpes valaisannes. «La Suisse est un pays de randonnée idéal. Il est simplement dommage que 90% des marcheurs n’utilisent que 10% du réseau des sentiers balisés.»
Il se souvient avec plaisir d’une course particulière, l’ascension de l’Äusserer Barrhorn. Situé au fond de la vallée de Tourtemagne, il culmine à 3610 mètres. C’est le plus haut sommet des Alpes qui peut être gravi sans matériel d’alpinisme. Il est classé en degré de difficulté T3+ et exige des randonneurs un pied sûr et l’absence de vertige. Fredy Tscherrig, le gardien de la cabane de Tourtemagne depuis 1997, en convient: «Ce n’est pas un itinéraire facile.» Pascal Bourquin se lance à l’assaut du Barrhorn le 31 août 2016. C’est sa 317e randonnée. Il a passé la nuit à l’Hôtel Schwarzhorn de Gruben, dans la vallée de Tourtemagne. A 8 heures du matin, il s’élance avec de bonnes chaussures et un coupe-vent orange. A travers les pâturages, le chemin longe la rivière Turtmänna. Pascal Bourquin progresse au pas de course. Après le lac de barrage, le sentier s’élève brusquement. Cap sur la cabane de Tourtemagne, à 2’519 mètres d’altitude. Elle appartient au CAS du Jura, section prévôtoise. Autour du refuge, les prairies sont en fleurs. Les edelweiss, les gentianes et les véroniques prospèrent à cette altitude. Fredy Tscherrig, le gardien de la cabane, a aménagé des parcours d’escalade dans la région.Pascal Bourquin poursuit sa route entre des blocs de rochers et des parois à pic. Il se hisse vers le haut à l’aide des cordes et progresse dans un étroit couloir. Ensuite, il suit la moraine du glacier Brunegg et avance en virages serrés vers le Schöllijoch. Il s’arrête un instant sur l’Innerer Barrhorn avant d’aborder la dernière montée abrupte jusqu’à l’Äusserer Barrhorn. A cette altitude, l’air se raréfie. Pascal Bourquin signe le livre d’or au sommet et s’élance sur le chemin du retour. Il fait halte à la cabane de Tourtemagne pour déguster un plat de röstis.
La descente s’effectue à vive allure. Vers 14 heures, le turborandonneur est de retour à Gruben, il soigne ses pieds avec de la crème. En cinq heures, il a parcouru 30 kilomètres et un dénivelé de 3600 mètres. «La plupart du temps, je n’ai besoin que de la moitié de la durée indiquée.» Pour le commun des mortels, il est recommandé de réaliser l’ascension du Barrhorn en deux jours, en prévoyant de passer la nuit à la cabane de Tourtemagne. En 2018 également, le passionné de randonnées sera en Valais. Il s’élancera sur les sentiers du val de Bagnes et de la vallée de Zermatt. Il se consacrera aux chemins du Plateau vers la fin de son aventure. «A 70 ans, je n’afficherai assurément pas la même forme.» En 2041, la Suisse célébrera son 750e anniversaire. Pascal Bourquin prévoit d’arriver sur La place Fédérale à l’occasion de ces festivités et de s’écrier: «Je l’ai fait!»
En route! Les conseils de Pascal Bourquin pour la randonnée en Valais
Pour les familles: du col du Sanetsch jusqu’à la Quille du Diable: 13 km, 5 heures (sans les pauses).
Pour les marcheurs ambitieux: de Viège à la Baltschiederklause: 16 km, 7 h 30. Nuitée dans la cabane du CAS.
Pour les sportifs: de La Sage au val d’Hérens par le col du Tsaté (2868 mètres), descente au lac de Moiry. Retour vers La Sage par le col de Torrent (22 km, 9 h 30).
Texte: Thomas Kutschera Photos: Pascal Bourquin
Publication : Mai 2018
Eaux thermales, puissance naturelle
Lire un autre récit